MAROC
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Mercredi: La nuit est tempérée mais humide, proximité de l'oued oblige. Durant tout le bivouac, la petite fille de la maison voisine aura été une spectatrice assidue et silencieuse du spectacle offert par ces français, au demeurant bien gentils, mais un peu bizarres. L'itinéraire de la journée emprunte dans un premier temps une vallée encaissée au fond de laquelle coule une rivière tumultueuse. Cette piste est un enchantement de lauriers et de fraîcheur. On se croirait par moments en Ardèche méridionale. En bout de la vallée, nous passons un imposant chantier visant à élargir la piste, et ainsi de permettre le passage de camions, et non plus des seuls Land Rover hors d'age que nous avons croisé ça et là. Comme hier, pique nique au bord de l'eau, nous passons ensuite un bled suréquipé : éclairage public, épicerie, café gîte avec TV satellite ! Nous faisons provision d'eau, car celle-ci sera plus que rare au bivouac ce soir. Pause Coca / café avant d'attaquer une grosse bosse de 7km "annoncés". Cette Ascension s'avère être un morceau de bravoure, non pas pour cause de dénivelé himalayen, mais par le fait qu'elle est complètement minée de cailloux et de trous, ce qui la rend particulièrement peu roulante voire trialisante par endroits. Arrivé au sommet, le spectacle est heureusement assez unique : le soleil est déjà bien bas et donne un aspect irréel à ce désert montagneux. Il est temps de descendre au bivouac car il est déjà assez tard. Nous montons le campement au milieu d'un plateau pelé, sous le regard amusé de quelques curieux surgis de nulle part, les distractions sont rares dans la région. La nuit s'annonce bien fraîche, heureusement, nos accompagnateurs, jamais à court de ressources, sortent un chauffage du 4x4 à malices pour chauffer la tente collective. A quand la télé et l'eau courante dans les canadiennes ? Concernant le programme du prochain et malheureusement dernier jour, Christian nous propose deux alternatives. La première consiste simplement à faire l'étape 4, la seconde est d'y ajouter la deuxième moitié de l'étape 5 dont nous devions être privés pour cause d'horaires de vol d'arrivée trop tardifs à Marrakech. C'est la deuxième option qui remporte les suffrages, demain nous nous lèverons une heure plus tôt, pour passer l'étape 4 dans la matinée, ensuite transition en 4x4 jusqu'à mi-étape 5 pour finir sur le vélo avec bivouac au bord d'un lac d'altitude. Coté bobos, rien de très significatif, touchons du bois, simplement une mystérieuse épidémie d'irritations d'une partie charnue de l'anatomie des participants, les recettes curatives sont diverses, certains poussent le vice jusqu'à avoir recours au collage de morceaux d'élastoplaste ! Nous ne soufrons pas plus que d'habitude de la nuit froide (il a gelé), par contre un chien bruyant réunit tous les suffrages contre lui. Jeudi: Réveil à 6h pour partir à 8, la première bosse est un peu semblable à l'odieuse ascension d'hier, heureusement en beaucoup moins long. Nous suivons ensuite un chemin descendant doucement, au milieu d'un plateau couvert de petits arbustes. A l'instar du lapin blanc dans "Alice au pays des merveilles ", Jenny craint que nous prenions du retard au regard du programme rallongé de la journée. Elle nous invite donc à passer du mode "croisière paisible" au mode "Convoyage rapide" Note : sur une échelle de 1 à 5 décrivant l'allure d'une sortie VTT, on trouve respectivement. 1. Le mode "croisière paisible". 2. Le mode "convoyage rapide". 3. Le mode "rythme soutenu". 4. Le mode "arsouille". 5. Le mode "à l'agonie partout". Tout en gardant une confortable marge de sécurité (surtout Lionel qui pincera de l'avant sur une réception de saut ) nous forçons légèrement l'allure sur ces chemins caillouteux mais descendants, et limitons les pauses photos/pipi à leur plus simple expression Cela a pour conséquence de mettre le 4x4 et Jenny largement dans le vent, mais nous aurons consommé l'étape dans la matinée. Pique-nique au point où la piste rejoint une route goudronnée. Christian accroche les vélos derrière le 4x4 (décidément, tout est prévu sur son engin) et nous embarquons pour deux heures de liaison route/piste jusqu'à rejoindre une piste au bord d'un oued. Nous nous remettons en selle pour l' ultime demi étape : il faut remonter la vallée par une piste amphibie, les derniers orages on fait que celle ci emprunte bien souvent le lit de l'oued. Nous passons nos derniers villages, leurs chiens aboyeurs/mordeurs, leurs enfants en quête de stylos, puis c'est la montée vers un col qui mènera à la route du dernier bivouac. La montée vers le col est plutôt facile, le gros de la troupe roule à une allure sénatoriale, comme pour apprécier ces derniers kilomètres de piste marocaine. Malheureusement, après le col, suit une longue piste très très large, au beau milieu d'un plateau, transformé en chantier par d'énormes engins de terrassement. A croire qu'une autoroute 4x4 voies est en construction. Nous arrivons vers 16h au bord du lac pour planter notre dernier bivouac. Au cours de la journée, le temps jusqu'à présent ensoleillé est devenu couvert, le baromètre descend lentement, une perturbation arrive. Le montage des tentes est maintenant une formalité, au bout de 5 montages nous sommes maintenant rodés à la manuvre. Après un chocolat réparateur, et grâce à l'impulsion de Christian, nous nous attelons à démonter nos vélos. Dommage que l'eau du lac ne peut pas servir à la toilette des spads : La rive est boueuse et vaseuse et il est difficile d'approcher sans s'enfoncer jusqu'aux chevilles. Tous les vélos sont emmaillotés à la nuit tombée. C'est ensuite le dernier repas dans la yourte (la tente collective), et à nouveau l'occasion de bâfrer les bons petits plats de notre cordon bleu de service. Mais à la fin du repas, misère, il se met à pleuvoir. A partir de ce constat, les choses s'accélèrent franchement, si la pluie vient à persister, pas question de redescendre par la piste escarpée et l'oued par lesquels nous sommes arrivés. Soit nous plions rapidement bagages, soit nous risquons un long périple vers Marrakech (galère) en contournant les passages rendus impraticables par les éboulements courants par temps de pluie. Le consensus est rapide, et tout le monde s'affaire à replier le camp. En moins de trente minutes les tentes sont plies/rangés, les vélos sur la galerie et les bagages entassés, de même que leurs propriétaires au fond du Toyota. Malgré la pluie naissante, la piste est encore praticable, Christian entame une descente cahoteuse vers la vallée. Vu de la banquette arrière, cela ne semble pas terriblement impressionnant (par moments, il nous semblait que le 4x4 était bien incliné cependant) et le pilote émérite nous confirmera plus tard que si un passage avait été un temps soit peu dangereux, il nous aurait débarqués pour le passer. On pouvait cependant noter certains silences pesants lors de passages un peu "chauds", témoins d'une petite tension à bord. Nous fûmes ensuite abondamment ballottés dans la vallée, à la recherche de la bonne piste dans le labyrinthe de l'oued. Au bout de plus de trois heures de ce régime, des témoins encore conscients nous affirment que nous avons rejoint la route. En ce qui me concerne, est ce du à la fatigue ou aux innombrables coups de tète donnés au plafond et aux cloisons? Toujours est t'il que j'avais sombré depuis bien longtemps. La route ne fut cependant pas synonyme d'itinéraire de tout repos, dans la région, du fait des intempéries, nombreuses sont les coulées de boue sur les routes, certaines assez importantes pour entraver notre progression. De plus, sans doute déçu de s'être tiré de la piste du col et de l'oued à si bon compte, Christian nous embourbe à 1m du bord de la route, en recherchant un endroit pour finir la nuit... Le sol mouillé a des propriétés particulièrement glissantes dans cette belle région. Une couche de boue liquide de 2 cm recouvre une seconde strate parfaitement dure, le tout formant un ensemble des plus lubrifiant. Malgré les 4 roues motrices, pas moyen de passer un petit fossé de 30cm ! Après avoir bouché celle ci avec des pierres, et suite à une petite séance de poussage, Christian passe l'obstacle, dans une très belle trajectoire parabolique, en glisse des 4 roues pour se retrouver enfin sur la route. Tirés de ce mauvais pas, nous continuons notre route, en quête d'un endroit à peu près sec pour dormir quelques heures. Vers 2h30, nous plantons les tentes sous des arbres, et toujours sous la pluie. Vendredi: Le temps est toujours maussade, nous profitons d'une accalmie pour plier les tentes et nous précipiter à nouveau dans le 4x4, prochaine étape Marrakech. En quittant les montagnes, nous retrouvons peu à peu la civilisation. Notamment la bienveillance traditionnelle des gendarmes marocains envers les véhicules de touristes. Arrivés en début d'après midi dans Marrakech, nous retrouvons la cohue auto / hipo / bourricot mobile traditionnelle de la ville. Direction l'hôtel pour un décrassage bien utile. Cette formalité hygiénique marque la fin de notre périple à proprement parler, nous troquons alors notre statut de VTTistes en goguette, contre celui de touristes visitant les souks de Marrakech, avec plus ou moins de bonheur. Pour résumer Lionel a particulièrement apprécié, moi un peu moins Là encore, Christian et Jenny sont aux petits soins pour nous, et nous guident pour éviter les écueils de cette jungle mercantile. Notons qu'il existe plusieurs méthodes de marchandage, Christian est partisan de l'attaque frontale. Nous séjournons dans Marrakech jusqu'au lendemain soir (le samedi), petite angoisse à l'enregistrement des bagages toujours pour des histoires de poids, tout ce passe bien, de leur coté nos accompagnateurs se préparent également à rejoindre la France par la route. Nous sommes de retour à Lyon vers minuit après un vol dans des places exiguës qui nous font regretter le "confort" du Toyota. Encore 1000 mercis à nos guides pour leur organisation sans faille et leur gentillesse, c'était le premier raid organisé auquel j'ai eut la chance de participer, ils ont placé la barre très haut. Pour plus d'informations: |
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